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LA PRESSE DE LA MANCHE - Premier quotidien de la France libérée - Parution le vendredi 16 février 2007 - Par Louis LEFEVRE, critique d'art
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LA PRESSE DE LA MANCHE Premier quotidien de la France libérée
Parution le Vendredi 16 février 2007
Louis LEFEVRE
Une exposition qui interpelle
Actuellement, les cimaises de la mairie accueillent les œuvres d’un artiste peintre canadien de renommée internationale, Charles Carson. Au-delà de la quarantaine de toiles présentées et qui ne peuvent laisser personne indifférent, cette exposition amène le public à la réflexion. Indiscrétions.
Depuis que la galerie de la mairie de Tourlaville est ouverte, il est passé de nombreuses expositions. Et de tous genres.
À chaque fois, le public est venu, preuve que l’art intéresse et qu’il est important de l’amener à portée de main plutôt que de le laisser dans des sanctuaires où personne n’ose entrer.
À chaque fois aussi, le public a donné son avis. Une oeuvre d’art, on aime ou on n’aime pas.
Pour une toile, il en est de même et, dans l’un comme dans l’autre cas, cela n’enlève en rien à la valeur de l’œuvre. Quelle qu’elle soit.
En accueillant l’artiste canadien Charles Carson, la mairie de Tourlaville n’a jamais mis la barre aussi haute. Charles Carson est en effet considéré par la critique comme l’un des plus grands artistes actuels. Un artiste dont le talent et l’oeuvre sont d’ores et déjà passés à la postérité. Le voir exposer à Tourlaville en a interrogé plus d’un et plus d’une.
«Pourquoi donc expose-t-il chez nous si sa renommée est aussi grande»? La réponse est simple. Cela s’appelle un coup de cœur. Le coup de cœur il l’a tout d’abord eu pour notre région et la beauté de ses paysages sans cesse remodelés par les éléments. Le coup de cœur, il l’a eu ensuite pour cette formidable galerie d’exposition qu’est le hall de la mairie de Tourlaville. Une galerie unanimement encensée par les artistes.
Et comme cet artiste du monde passe environ trois mois par an à peindre pas très loin de Bricquebec, le voyage n’a pas été très long.
Autre question. «Pourquoi ne laisse-t-on pas plutôt la place aux artistes locaux»? La réponse ne nous appartient pas. Elle appartient aux élus qui ont fait ce choix. Néanmoins, quelques pistes de réflexion s’imposent. Fallait-il par exemple que les Art’zimutés en débarquant à Collignon se privent d’une Olivia Ruiz ou d’un Philippe Katerine pour le seul fait qu’ils n’étaient pas du coin? Tout le monde trouve naturel que des groupes ou des chanteurs de talent viennent donner des concerts dans la région. Le public regrette même que cela n’arrive pas plus souvent. Preuve en est d’ailleurs faite de par la fréquentation du Zénith de Caen par la population nord-cotentinoise. Pourquoi alors n’en serait-il pas de même pour un sculpteur, un peintre, un sportif de haut niveau ou un tout autre artiste quel qu’il soit? Et les artistes locaux dans tout cela diront certains? Effectivement, on leur prend un peu de place mais en prennent-ils ombrage pour autant? Faut-il laisser les scènes locales aux seuls artistes du cru, faut-il laisser les stades aux seuls athlètes locaux, faut-il réserver les galeries d’art à la seule production de notre bout de Cotentin? La question est de taille. Quant à la réponse, elle semble couler de source. La source de la diversité qui permet de bonifier et d’attirer immanquablement tout le monde vers le haut.
«Qui peut s’offrir des toiles aussi chères»? La encore la question est de taille et là non plus la réponse ne nous appartient pas mais en tout état de cause, faut-il pour autant ne pas admirer ces toiles? Le public du monde entier n’hésite pas à faire la queue pour aller admirer une Joconde et pourtant il ne peut pas se l’acheter.
Alors pourquoi, toutes proportions gardées, ne serait-il pas raisonnable de présenter à Tourlaville des oeuvres dont la cote ne cesse de monter au point d’aller chatouiller celles des monstres sacrés de la peinture?
Si nous avons posé ces questions, répétons-le, c’est que nous les avons entendues. La conclusion que nous pouvons tirer de tout cela c’est que, quelque part l’exposition actuellement présentée a atteint son but. Elle interroge. Et si elle interpelle, il y a forcément quelque chose qui ressort de toutes ces toiles. Le talent. Il faut le dire et redire, la peinture de Charles Carson n’est pas la peinture d’un seul regard.
Passer une seule fois devant ne suffit pas. Chaque toile, il faut la regarder et la regarder encore. Chaque nouveau regard apportera une nouvelle vision, de nouvelles découvertes. C’est tout cela le propre de l’art.
Le carsonisme; exposition des œuvres de l’artiste canadien Charles Carson visible aux heures d’ouverture de la mairie jusqu’au 25 février. Également les samedis et dimanches de 15 à 18 heures.
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